En réaction contre les grands ensembles, mais aussi parce que le desserrement de l’urgence permettait enfin de mettre en avant une exigence de la qualité, plusieurs signes de changement se manifestèrent.
En premier lieu s’affirma le mouvement des villes nouvelles, dont la conception prenait le contre-pied des ZUP. Ces villes allaient être un lieu d’expérimentation privilégié pour l’urbanisme et l’architecture.
Le Belvédère à Cergy-Pontoise SA d’HLM Immobilière 3F selon les plans de Ricardo Bofill
Ayant assuré, dans toute la mesure de leurs moyens, une part importante de l’implantation des ZUP et des ZAC, le logement des immigrés, celui des rapatriés, l’éradication des bidonvilles, les SA d’HLM furent amenées à développer une nouvelle approche de leur métier, tant dans l’intervention sur le bâti existant (par ex : restructurations liées à la désindustrialisation, réhabilitation des grands ensembles) que dans la gestion sociale de leurs ensembles immobiliers. Dans les quartiers d’habitat social elles s’efforcèrent de maintenir le cap de la mixité sociale, objectif constant tout au long de leur histoire.
Uckange (57) Lorraine SA d’HLM Sarel. Restructuration de la ZUP (parties d’immeubles démolies en jaune)
Fidèles à la conception de leurs missions, les SA d’HLM, après avoir participé activement à l’effort de construction de mase, s’appliquèrent à élargir et à diversifier leur champ d’intervention. Ainsi les SA ont acquis en 1976 la compétence aménageur et se sont vu confier l’aménagement de ZAC, de lotissements, de zones de rénovation urbaine, des opérations de restructuration et de résorption de logements insalubres.
Mais les sociétés anonymes d’HLM ne furent pas que des bâtisseurs : elles furent partie prenante du mouvement de retour vers les centres-villes et de la valorisation de patrimoine historique
Elles ont également réaffirmé leur rôle dans l’accession à la propriété : ce nouveau marché sera très favorable aux SA qui purent renouer avec l’idéal de la propriété individuelle cher aux fondateurs du mouvement HLM.
Enfin, les SA ont apporté des réponses adaptées à la diversité des besoins : à partir d’une analyse fine des besoins locaux, les sociétés mettent en œuvre des politiques d’accueil des populations spécifiques en collaboration étroite avec les réseaux de professionnels et bénévoles en charge de ces questions (personnes âgées, travailleurs migrants, jeunes travailleurs, étudiants, populations démunies), tant pour la construction de foyers que par l’adaptation des logements et des services dans leur patrimoine.
Résidence étudiants SUPELEC à Gif-sur-Yvette SA d’HLM Efidis
La réforme du logement de 1977
La loi du 3 janvier 1977 tend à substituer l’aide personnalisée au logement (APL) à l’aide à la pierre, conçue pour favoriser la construction de logements sociaux. Cette réforme confirme le processus de socialisation du logement en voulant solvabiliser tous ceux dont l’accès à un habitat de qualité peut être freiné par l’insuffisance de revenus, c’est-à-dire en renforçant les mécanismes de redistribution. L’APL est, en effet, l’une des manifestations de l’Etat providence, puisqu’elle cherche à rétablir plus d’équité en adaptant l’effort demandé aux locataires à leur situation sociale et économique. L’aide à la pierre n’est pas absente du dispositif, mais les PLA (prêts locatifs aidés) qui en tiennent lieu sont d’une durée plus courte (34 ans au lieu de 40) et à des taux plus élevés que les anciens prêts HLM ; conçus en période de forte inflation, ils sont de surcroît à intérêt progressif, ce qui allait entraver l’action des SA une fois l’inflation maîtrisée. |
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