Résultats de l’étude menée par la Fédération des esh avec l’Institut des Politiques Publiques

À l’occasion de son Assemblée Générale du 26 juin 2025, la Fédération des Esh (Entreprises Sociales pour l’Habitat) présente les résultats d’une étude conduite par l’Institut des Politiques Publiques (IPP), consacrée à l’analyse approfondie des disparités sociales dans l’habitat social en France métropolitaine. Ce travail, fondé sur l’exploitation de données fiscales et statistiques de grande ampleur, propose un nouvel outil d’analyse, l’Indicateur de Position Sociale pour le Logement (IPS Logement) au service du pilotage des politiques d’habitat et met en lumière les dynamiques de mixité sociale à l’échelle locale.

Favoriser la cohésion sociale grâce à un indicateur concret

Financé par la Fédération des Esh, ce rapport de l’IPP s’inscrit dans une volonté commune d’apporter des outils concrets pour accompagner les politiques publiques et les acteurs du logement social dans leurs missions de cohésion sociale. L’IPS Logement permet de mesurer le niveau social moyen des ménages dans un quartier donné en croisant leurs revenus et leur composition. Il vise à soutenir les décisions d’attribution des logements sociaux et à orienter la construction de nouveaux programmes dans les territoires qui en ont le plus besoin.

En 2022, 16,6 % des écarts de position sociale entre ménages sont attribués à leur lieu de résidence. Ce taux atteint 13,4 % dans le parc social, contre 14,9 % dans le parc privé, traduisant une ségrégation sociale légèrement moins marquée dans le logement social. Si cette différence peut paraître modeste, elle traduit un potentiel d’action plus important au sein du logement social, malgré une population plus homogène. Fait notable, la tendance est à l’amélioration : la différenciation sociale au sein du parc social a reculé de trois points depuis 2016, témoignant des premiers effets concrets des politiques de mixité engagées ces dernières années.

L’étude révèle néanmoins une répartition encore inégalitaire du parc social sur le territoire. Près de la moitié des intercommunalités ne comptent pas plus de 10 % de logements sociaux et 44 % des communes analysées n’en comptent aucun. Ces déséquilibres se reflètent également au sein des intercommunalités elles-mêmes, où certaines communes concentrent la majorité de l’offre, souvent dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). Dans ces QPV, près de 70 % des ménages vivent en logement social, contre 14,6 % dans les quartiers hors QPV de ces mêmes communes.

Lutter contre la ségrégation sociale en France

Un autre enseignement majeur de l’étude concerne les disparités selon le type de financement des logements sociaux. Les logements financés par le PLAI, destinés aux ménages les plus modestes, présentent un indice de ségrégation de 6,7 %, contre 13,6 % pour les logements financés en PLS et 31,5 % pour ceux financés en PLUS, qui représentent à eux seuls plus de 84 % du parc social. Ces résultats mettent en évidence une répartition territoriale bien plus homogène pour les logements PLAI et PLS. Ils soulignent l’importance d’intégrer cette dimension qualitative dans les politiques d’investissement, afin de limiter la concentration sociale dans certaines zones et de favoriser une mixité résidentielle plus équilibrée.

« Ce rapport apporte une contribution majeure au débat public sur la mixité sociale. Il confirme, chiffres à l’appui, que le logement social est un levier essentiel d’égalité des chances, de cohésion et d’équilibre territorial. À travers l’IPS Logement, nous disposons désormais d’un outil robuste pour objectiver les disparités et piloter plus finement les politiques d’habitat.

Il revient désormais aux pouvoirs publics et aux collectivités de s’en saisir pleinement. Car au-delà du constat, l’étude met en lumière des marges de progression importantes, tant dans la localisation de l’offre que dans les critères d’attribution. Face aux tensions sociales et territoriales, la mixité ne peut rester un principe abstrait : elle doit devenir une exigence opérationnelle », commente  Valérie Fournier, Présidente de la Fédération des Esh.

Méthodologie – rapport publié en juin 2025

L’étude s’appuie sur les données administratives Fidéli 2022, couvrant plus de 32 millions de ménages en France métropolitaine, dont 4,8 millions résidant dans le parc social. Elle analyse la position sociale des ménages à partir de leurs revenus et de leur composition familiale, sans recourir à des enquêtes déclaratives mais en croisant les fichiers fiscaux et le Répertoire des logements sociaux (RPLS). L’analyse se concentre sur 608 intercommunalités (EPCI) de plus de 25 000 habitants ou comprenant au moins une commune soumise à la loi SRU, couvrant ainsi plus de 27 millions de ménages, pour garantir une approche centrée sur les zones urbaines concernées par les politiques publiques de logement social. Grâce à la définition de l’Indicateur de Position Sociale Logement (IPS Logement), les chercheuses ont pu analyser finement les dynamiques de mixité et de ségrégation sociale à différents niveaux géographiques : quartiers (sections cadastrales), communes, EPCI et régions.

Les autrices du rapport

  • Nina Guyon, coordinatrice du projet, maîtresse de conférences à l’École Normale Supérieure-PSL, professeure à l’École d’Économie de Paris, et économiste à l’Institut des Politiques Publiques.
  • Camile Hémet, professeure à l’Université Paris 1 Pathéon-Sorbonne et à l’École d’Économie de Paris, et Responsable du pôle Police – Justice à l’Institut des Politiques Publiques.
  • Katarina Milanović, économiste à l’Institut des Politiques Publiques.

>Communiqué de presse

>Rapport Mixité résidentielle et logement social